28 novembre 1910

" Il s'agit par le système élastique et indéfiniment extensible des complicités morales, d'atteindre ceux-là mêmes contre lesquels on ne pourra relever un acte coupable.

Il s'agit de porter au cœur même du prolétariat organisé la menace et l'épouvante. Ils espèrent que les militants, effrayés de suivre un chemin qui longe l'abîme, renonceront à la propagande, à l'effort d'organisation si souvent pénible et amer ; et que sur, un prolétariat décomposé, le capital régnera sans peine. 

Il s'agit de savoir si c'est là ce que veut désormais la République ; j"ose dire qu'il n'est pas de question plus tragique. " 

6 décembre 1910

" J'espère que les premiers sons de cloche qui ont été donnés déjà ont suffi à alerter l'opinion et à éveiller l'attention de tous les hommes soucieux de justice. Ce n'est pas seulement l'échafaud qui sera un crime contre Durand, c'est le bagne ! Il est innocent, pleinement innocent ! " 

1er janvier 1910

" Le Président de la République lui-même, en effaçant la peine capitale et en réduisant la réclusion en sept années, a reconnu la fragilité de l'accusation. 

Car enfin, pourquoi sept ans de réclusion ?

Si Durand est réellement coupable des actes pour lesquels il a été condamné, si il a lâchement médité, préparé, organisé l'assassinat d'un ou de plusieurs hommes, quelle pitié mériterait-il ? Et pourquoi n'est-il pas frappé que de sept années de réclusion ? Et s'il n'a pas commis ces actes ou si seulement il paraît au Président de la République douteux qu'il les ait commis, de quel délit lui inflige-t-on un séjour en prison ?" 

20 février 1911

" Trois choses surtout ont sauvé Durand : c'est d'abord l'action commune ou si l'on veut l'action concordante du socialisme et du syndicalisme. Le souvenir de l'affaire Dreyfus n'a pas été non plus sans effet. Je ne me lasserai point aussi de répéter que dans la réparation accordée à Durand, se manifestent les vertus de la liberté républicaine" 

Sources : archives du Journal "L'Humanité"